Informatique quantique – Quand les chercheurs trichent…
Ce que j’apprécie le plus dans tout ce qui est recherches en physique quantique, ce n’est pas la physique complexe ou les qubits intriqués. Non, c’est la créativité déployée par les chercheurs pour faire croire que leurs machines peuvent factoriser n’importe quoi, alors qu’en réalité, elles peinent à traiter des nombres plus complexes que 35.
Les chercheurs Peter Gutmann et Stephan Neuhaus viennent en effet de balancer un pavé dans la mare avec leur papier qui démontre méthodiquement comment toute la communauté quantique “cuisine les chiffres” depuis des années. Et leur conclusion est sans appel : On ne peut faire confiance à aucun des benchmarks de factorisation quantique publiés à ce jour.
La technique la plus répandue consiste à électionner des “nombres pièges” délibérément conçus pour être factorisés facilement. C’est la même chose qu’un magicien qui prétend deviner votre carte alors qu’il a truqué tout le jeu.
Les chercheurs choisissent des nombres dont la structure mathématique garantit une factorisation triviale, comme ça, au lieu d’utiliser des nombres aléatoirement générés comme dans la vraie cryptographie, ils fabriquent des valeurs où les facteurs premiers ne diffèrent que de quelques bits. Du coup, il suffit d’une recherche basique pour trouver la solution, sans avoir besoin d’un ordinateur quantique. Un VIC-20, un abaque (c’est un boulier) ou même un chien bien dressé y arriveraient selon les auteurs.
Et quand leurs nombres ne sont pas suffisamment faciles, ils utilisent du préprocessing massif sur ordinateur classique pour faire la majeure partie du boulot avant même que la machine quantique entre en jeu. On dirait certains d’entre vous qui postent sur Instagram leur dernier marathon alors qu’ils l’ont juste rejoint au kilomètre 41…
Bruce Schneier, qui a relayé cette recherche, enfonce également le clou avec sa métaphore habituelle du “Les défis techniques pour construire un ordinateur quantique utile, c’est dur. Mais est-ce que c’est dur comme “poser un homme sur la Lune” ou dur comme “poser un homme sur le Soleil” ? Les deux sont difficiles, mais pas du tout dans la même catégorie de faisabilité”.
Cette manipulation généralisée révèle un problème plus profond dans l’écosystème de la recherche quantique, car quand la pression pour publier rencontre des milliards d’investissements en jeu, la tentation devient énorme de présenter des résultats flatteurs plutôt que honnêtes. Surtout que les chercheurs savent pertinemment qu’aucun reviewer ne va vérifier la vraie complexité des nombres utilisés.
L’ironie, c’est que ces manipulations sont devenues tellement systématiques qu’elles constituent désormais la norme plutôt que l’exception. Personne n’a jamais factorisé un nombre qui n’était pas soit soigneusement préparé, soit largement préprocessé par un ordinateur classique. C’est de l’illusionnisme scientifique !
Donc peut-être qu’avant de promettre de casser tous les chiffrements actuels, les chercheurs en quantiques devraient déjà prouver qu’ils peuvent factoriser proprement un nombre à trois chiffres choisi au hasard…
Un grand merci à David pour l’info.
Source : korben.info