15/09/2025

Le Great Firewall chinois vient de fuiter

Par admin

Le Great Firewall chinois vient de fuiter

Près de 600 Go, c’est le poids de la plus grosse fuite de l’histoire du Great Firewall chinois. Il y a quelques jours, un collectif hacktiviste du nom de
Enlace Hacktivista
a balancé sur le net tout le code source, les documents internes, les logs de travail et même les communications privées du système de censure le plus sophistiqué au monde. C’est à ce jour la plus grosse fuite de l’histoire du Great Firewall chinois !

Le Great Firewall est un système qui permet à la Chine de filtrer internet pour toute sa population. Un système tellement efficace qu’il bloque non seulement Google, Facebook ou Twitter, mais qui arrive aussi à détecter et neutraliser les VPN les plus sophistiqués. Et aujoud’hui, tout son fonctionnement interne est accessible à qui veut bien se donner la peine de télécharger un fichier torrent de 571 Go.

Les documents proviennent de deux sources principales : Geedge Networks, une boîte dirigée par Fang Binxing (surnommé le “père du Great Firewall”), et le laboratoire MESA de l’Académie chinoise des sciences. En gros, on a là les architectes principaux de la censure numérique chinoise qui se retrouvent à poil sur internet.

Mais le plus dingue dans cette histoire, c’est pas tant la fuite elle-même. C’est ce qu’elle révèle sur l’export de cette technologie. Les documents montrent que la Chine ne se contente pas de censurer son propre internet, non… elle vend clé en main son système de censure à d’autres pays autoritaires.

Le produit star ? Un truc appelé Tiangou, décrit dans les documents comme une solution tout-en-un pour dictateur pressé : vous branchez, vous configurez, et hop, vous pouvez surveiller et censurer votre population comme en Chine. Le système inclut plusieurs modules aux noms poétiques : le Tiangou Secure Gateway qui bloque les VPN et peut injecter du code malveillant, le Cyber Narrator qui surveille l’activité internet par région, et les systèmes TSG Galaxy et Network Zodiac pour stocker et analyser les données des utilisateurs.

D’après les documents qui ont fuité, le Myanmar a déployé ce système dans 26 centres de données, avec des tableaux de bord capables de monitorer 81 millions de connexions TCP simultanées ! C’est pas rien ! Ce système est d’ailleurs intégré directement dans les points d’échange internet du pays, permettant un filtrage massif et sélectif du trafic.

Le Pakistan n’est pas en reste car d’après les documents, Geedge a installé son infrastructure DPI (Deep Packet Inspection) dans le cadre d’un système plus large appelé WMS 2.0.
Amnesty International
parle d’une surveillance de masse en temps réel sur les réseaux mobiles pakistanais où en gros, chaque SMS, chaque appel, chaque connexion internet peut être intercepté et analysé.

Les documents révèlent aussi que l’Éthiopie et le Kazakhstan ont acquis des licences pour le système Tiangou et apparemment, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Au début, Geedge utilisait des serveurs HP et Dell pour faire tourner son système, mais face aux sanctions occidentales, ils sont passés à du matériel 100% chinois. Le système s’adapte donc, évolue, contourne les obstacles, exactement comme les utilisateurs qu’il est censé bloquer, sauf qu’il a plus de moyens.

Les chercheurs qui analysent actuellement les données étudient le code pour mieux comprendre le système car maintenant que celui-ci est public, les développeurs d’outils de contournement peuvent potentiellement y trouver des faiblesses.

Enlace Hacktivista, le groupe à l’origine de la fuite, n’en est pas à son coup d’essai mais là, ils ont frappé un grand coup et pour ceux qui voudraient jeter un œil aux documents (attention, c’est à vos risques et périls), Enlace Hacktivista a mis le tout à disposition via torrent et téléchargement direct. Les chercheurs recommandent fortement d’utiliser des machines virtuelles isolées ou des environnements sandboxés pour analyser ces fichiers. Pas question de lancer ça sur votre PC principal, on ne sait jamais ce qui peut se cacher dans ces giga octets de code chinois.

Voilà en tout cas, cette technologie de censure et de surveillance est devenu un business global pour contrôler les populations. Merci la Chine ! Et maintenant que le code est dans la nature, on peut s’attendre à ce que d’autres états tentent de créer leurs propres versions du Great Firewall.

Maintenant, est-ce que ça va permettre de mieux contourner la censure ? Est-ce que ça va dissuader certains pays d’acheter cette technologie ? Ou est-ce que la Chine va simplement développer une version 2.0 encore plus sophistiquée ?

On verra bien…

Source

Source : korben.info